Circonscription d'Aquitaine. M. J. Coupry, Directeur1

Gironde

Bordeaux (Burdigala). — a) Au sud de l'église Saint-Seurin (près de l'endroit où G. Jullian et P. Gourteault avaient dirigé une première campagne de fouilles en 1909-1910) et d'autre part dans la crypte de cette église, M. R. Duru, Architecte des Bâtiments de France de la Gironde, qui avait déjà mené en 1959 un fructueux sondage au nord de l'église2, a dégagé de janvier à mai 1965 et de juin à août 1966, avec la collaboration de MM. P. Anus et M. Gauthier, un vaste ensemble architectural (fig. 1), au centre de ce qui fut la grande nécropole chrétienne de Bordeaux. Le long du côté sud de l'église et partiellement engagé sous celle-ci, se présente un édifice fondé à 3,90 m sous le niveau du sol actuel et composé d'une salle de quinze mètres de long (salle 1) à laquelle furent postérieurement accolées, à l'ouest, la salle 7 (fîg. 2 et 3 a) et, à l'est, les salles 8 et 9. La salle 7 comporte deux plates- formes surélevées de 1,25 m de part et d'autre d'une partie centrale dallée en carreaux de terre cuite. La plate-forme de l'e. est la mieux conservée ; sa surface, entourée d'une plinthe de marbre, supportait les restes de deux sarcophages en place et d'un socle de mortier sans doute destiné à recevoir une troisième cuve (fig. 3 b). Le sarcophage central en marbre gris-clair des Pyrénées présente les caractéristiques des œuvres de l'école d'Aquitaine; outre plusieurs morceaux du couvercle, trois

faces de la cuve nous sont partiellement parvenues, qui sont ornées d'un décor gravé (fig. 3 c). Tous les murs de cette salle funéraire étaient recouverts de peintures : un long fragment, où l'on voit notamment l'image d'un cheval marin monté par un cavalier nu, a été déposé pour être restauré et présenté. Les murs de la salle 8, sans doute à destination funéraire également, sont aussi ornés d'un décor peint, à motifs géométriques (losanges et carrés alternés). De la même époque de construction date la pièce n° 4, fondée à un niveau sensiblement égal à celui des précédentes. Mais ce n'est qu'ultérieurement que les salles 2 (déjà mise au jour par P. Courteault) et 3 furent construites, à un niveau beaucoup plus élevé (seulement à 3,15 m sous le niveau du sol actuel) que tout l'ensemble architectural précédent. Plus d'une centaine de sépultures ont pu être fouillées (fig. 4) ; elles présentent une variété considérable de modes d'inhumation : sépultures en terre libre ; sépultures protégées d'un coffrage de pierres ; sépultures en cercueil de bois ; en amphores (plus d'une quinzaine); sous tuiles; en sarcophages de pierre (et l'un de ces sarcophages est lui-même protégé par un coffrage de maçonnerie). De la cuve massive rectangulaire de tradition gallo-romaine jusqu'au souci tardif de ménager un logement destiné à recevoir la tête du mort, on suit l'évolution de la forme des sarcophages, parfois superposés sur six étages.

En liaison avec la fouille de la nécropole, des recherches ont été menées sous le sol de la crypte : un édifice (fig. 5) comportant une salle probablement carrée qui communique par un seuil de pierre très usé avec une petite pièce à abside a été dégagé ; au centre de cette